L’écriture et le Temps
Poètes, romanciers, philosophes, psychanalystes, artistes et scientifiques ont beaucoup écrit sur le temps. L’écrit porte inévitablement la marque de son époque. Le temps intérieur est celui du processus créateur, de la rêverie et de l’intimité. Le temps réel se réfère aux actes, aux échéances, aux rendez- vous.
Individuel ou collectif, l’écrit véhicule une pensée, signe un témoignage, une prise de position, un engagement.
Les écrivains africains ont interrogé les traces, les images, les signes enfouis au plus profond de nous-mêmes.
Abdelkébir Khatibi se disait « appelé – devoir d’écriture – à voyager dans les temps et les espaces, traversant ainsi l’épreuve de l’inconnu ». Le temps n’a pas cessé d’habiter les écrivains. Les œuvres survivent à leurs auteurs au- delà d’eux-mêmes. Elles appartiennent à une histoire qui les dépasse et dont ils sont les passeurs. L’écriture implique le corps et interroge la mémoire avec ses non-dits et ses oublis.
Elle recueille, par une recherche permanente, l’histoire collective et individuelle. Écrire permet de prendre du recul pour mieux observer, analyser les comportements, les fondements symboliques des sociétés, les héritages culturels, linguistiques, religieux. Pour le philosophe Giorgio Agamben, « le poète – le contemporain – doit fixer le regard sur son temps ». Se référant aux « Considérations inactuelles » de Nietzche, il invite à prendre ses distances avec son époque afin de pouvoir réfléchir et imaginer l’avenir.
La question du temps est fondamentale en islam. Elle permet de comprendre l’évolution de la pratique religieuse tout au long des siècles jusqu’à nos jours. Tout récemment, avec la pandémie du Covid, nous avons pu constater de quelle manière elle s’est adaptée au contexte sanitaire. Comment pourront s’opérer les différentes constructions symboliques au sein de ces sociétés et des individus ?
Ainsi, le temps constitue une grille de lecture permettant d’analyser les défis et les évolutions des sociétés musulmanes au cours des années à En rassemblant des acteurs de différentes origines et sensibilités, le Salon Maghrébin du Livre d’Oujda a su créer un espace dynamique de réflexion, d’échange et d’inspiration. D’une édition à l’autre, il a contribué de manière significative à la promotion des cultures maghrébines dans toute leur diversité, tout en favorisant le dialogue interculturel et la compréhension mutuelle. « Lettres du Maghreb » continue donc à occuper une place de choix dans le paysage culturel régional et africain en témoignant de la vitalité et de la profondeur des expressions culturelles locales, véritable ciment de la réalité du Grand Maghreb de demain.
Cette quatrième édition du salon du livre « Lettres du Maghreb », a voulu explorer le monde délicat et savant de l’écriture et du temps. LDM offre à nos participants un espace de réflexion intense et renouvelée, au cœur du passé, au centre de nos projets d’avenir. Durant ce rendez-vous littéraire, les participants auront l’opportunité
de plonger dans une multitude de perspectives, de découvrir des récits et des analyses qui traversent l’Histoire et les Géographies pour cheminer vers la construction d’un nouveau monde..
Les œuvres présentées dans ce Salon du livre reflètent la richesse et la diversité du patrimoine littéraire et culturel d’Afrique et du Grand Maghreb. Chaque texte, analyse philosophique, récit historique, essai ou poème, offre un regard original sur un temps ou une expérience, descriptions romancées d’univers captivants.
L’héritage intellectuel et culturel africain et Maghrébin est toujours mis en lumière à travers les réflexions d’auteurs qui ont marqué leur époque pour relever les défis contemporains auxquels la région est confrontée. Dans ce sens l’écriture, trace d’une identité culturelle, ou expression d’une mémoire collective apparait comme un engagement et une responsabilité.