Lettres du Maghreb Salon International du livre d’Oujda
4eme édition Du 17 au 21 Avril 2024
L’ÉCRITURE ET LE TEMPS
Poètes, romanciers, philosophes, psychanalystes, artistes et scientifiques ont beaucoup écrit sur le temps. L’écrit porte inévitablement la marque de son époque. Le temps intérieur est celui du processus créateur, de la rêverie et de l’intimité. Le temps réel se réfère aux actes, aux échéances, aux rendez-vous.
Individuel ou collectif, l’écrit véhicule une pensée, signe un témoignage, une prise de position, un engagement.
Les écrivains africains ont interrogé les traces, les images, les signes enfouis au plus profond de nous-mêmes. Abdelkébir Khatibi se disait « appelé – devoir d’écriture – à voyager dans les temps et les espaces, traversant ainsi l’épreuve de l’inconnu ». Le temps n’a pas cessé d’habiter les écrivains. Les œuvres survivent à leurs auteurs au-delà d’eux-mêmes. Elles appartiennent à une histoire qui les dépasse et dont ils sont les passeurs. L’écriture implique le corps et interroge la mémoire avec ses non-dits et ses oublis. Elle recueille, par une recherche permanente, l’histoire collective et individuelle.
Écrire permet de prendre du recul pour mieux observer, analyser les comportements, les fondements symboliques des sociétés, les héritages culturels, linguistiques, religieux. Pour le philosophe Giorgio Agamben, « le poète – le contemporain – doit fixer le regard sur son temps ». Se référant aux « Considérations inactuelles » de Nietzche, il invite à prendre ses distances avec son époque afin de pouvoir réfléchir et imaginer l’avenir.
La question du temps est fondamentale en islam. Elle permet de comprendre l’évolution de la pratique religieuse tout au long des siècles jusqu’à nos jours. Tout récemment, avec la pandémie du Covid, nous avons pu constater de quelle manière elle s’est adaptée au contexte sanitaire. Comment pourront s’opérer les différentes constructions symboliques au sein de ces sociétés et des individus ? Ainsi, le temps constitue une grille de lecture permettant d’analyser les défis et les évolutions des sociétés musulmanes au cours des années à venir.
L’actualité nous suggère de nouveaux chemins pour l’humanité, inédits, courageux et inventifs. Les politiques publiques vont devoir inventer de nouvelles géographies, soumises à l’esprit de finesse, de nouvelles idéologies, plus proches, plus justes, plus solidaires, plus humaines. L’état du système de soin, l’écologie politique doivent repenser la diversité des devenirs communs aux humains.
Depuis le début du siècle, l’écriture numérique a totalement bouleversé la notion du temps. La transmission des données, l’information, les communications sont devenues instantanées mais la permanence des textes s’en est trouvée affectée : les textes écrits sur des logiciels vieux d’à peine dix ans sont aujourd’hui illisibles, à l’inverse des archives traditionnelles dont il existe de nombreuses techniques de conservation.
Sur quoi repose l’attraction extraordinaire qu’exerce la délégation au digital ? Quel avenir, quelle créativité, quelles innovations nous réservent les machines et les objets connectés ? Au sein de ce questionnement, les jeunes tiennent une place essentielle car ils redéfinissent l’idée même de temporalité.
Les études postcoloniales et décoloniales ont été marquées depuis des décennies par des chercheurs et universitaires originaires de plusieurs continents.
Elles font aujourd’hui l’objet de débats et de controverses en Amérique latine, aux Etats-Unis, en Afrique et dans certains pays francophones. Quelle approche pouvons-nous avoir de ces questions au Maghreb à travers ses habitants et sa diaspora, ses écrivains, ses chercheurs ? Comment imaginer le Maghreb de demain et s’y préparer ?
Le salon du livre « Lettres du Maghreb » portera pour sa 4ème édition sur L’écriture et le temps. Centré sur le Grand Maghreb, ce salon est ouvert à d’autres régions du monde. Contribueront à cette édition écrivains, poètes, philosophes, psychanalystes, anthropologues, artistes provenant de plusieurs pays.